{f-440.} II – L’Ere des réformes nationales (1830-1848)


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Les années 1830 inaugurent une ère nouvelle dans la vie des peuples de Transylvanie. Une effervescence de la vie politique et sociale succède au silence suffocant des années 1820 marquées par l’absence de toute vie publique. Dans la terminologie hongroise, cette époque est appelée Ere des réformes, ce terme faisant référence à la politique hongroise de réformes libérales qui, désireuse d’étayer le passage graduel du féodalisme au capitalisme, cherche à créer les conditions d’une modernisation tant économique que sociale et politique. Autre terme qui apparaît plus fréquemment à l’époque, surtout du côté roumain et saxon, celui de réveil national qui dénote combien l’échelle de valeurs et la vision du monde, dans cette période, se sont modifiées. Hongrois, Roumains et Saxons sont toujours plus nombreux à dire – dans le souci de mobiliser la société – qu’une dernière chance s’offre d’éveiller la nation endormie, pour la créer réellement en tant que communauté libre d’individus libres. Conformément à la tendance générale du développement en Europe Centre-orientale, la langue s’érige en clef de voûte des efforts de construction de la nation alors même qu’un culte entoure la notion de nationalité qui signifie à la fois la réalité physique de ceux qui parlent la même langue et la totalité des composantes conscientes ou inconscientes de leur cohésion.

Se plaçant sur une plate-forme nationale, les gens de l’époque ont cette révélation que, dans la mouvance de la transformation bourgeoise, les antagonismes corollaires de la division sociale du travail peuvent être surmontés et que la progression du nationalisme (linguistique), en Europe Centre-orientale et du Sud-Est, ouvre des perspectives toutes nouvelles quant à la restructuration politique et territoriale. Les «enfants du siècle» se caractérisent par un nationalisme intransigeant et un idéalisme élevé ou, plus précisément, par une sorte de mélange des deux, en différents dosages. L’idée moderne de liberté liée à la notion de droits de l’homme s’installe, irrépressible, et avec elle les schémas idéologiques propres à l’entraver.